La Blockchain la comprendre facilement pour survivre dans le Web3

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Expliquer ce qu’est la Blockchain n’est pas chose facile car les explications oscillent entre technicité pure ou vulgarisation incomplète.

La Blockchain est incontestablement une technologie souvent qualifiée de « technologies de rupture » par 2 de ses effets principaux : la décentralisation et la désintermédiation.

Au-delà de l’innovation pure de la DLT « Distributed Ledger Technology », la Blockchain n’est pas qu’une technologie de rupture, c’est le moyen qui ouvre la voie d’une nouvelle économie numérique portée par les cryptomonnaies et les tokens dont nous ne voyons encore que les prémices.

Voici une série d’articles pour découvrir tout cela, aujourd’hui je vous propose une définition pour partir du bon pied dans la Tokenomics du Web3 : La blockchain c’est quoi exactement ?

La Blockchain : est une technologie de rupture 

Sauf si vous êtes « développeur » et/ou « informaticien », définir ce que recouvre la blockchain est un art difficile.

Alors que la définition et les usages de l’algorithme semble maintenant à peu près comprise par tout le monde, la technologie blockchain qui par ailleurs utilise aussi des algorithmes, reste encore souvent « mystérieuse » à comprendre.

La confusion est d’autant plus grande lorsque l’on aborde le concept Blockchain car le mot est utilisé souvent pour désigner différents éléments de l’écosystème.

Le mot « Blockchain » renvoie instinctivement au « Bitcoin » qui est à la fois :

  • La Blockchain éponyme,

Et

  • La désignation de la cryptomonnaie native issue de son usage.

Ce qui est certain, c’est que la Blockchain appartient aux « technologies de rupture » en regard de 2 changements majeurs :

Premier élément de rupture :

La première Blockchain dénommée « Bitcoin » dévoilée au public le 03 Janvier 2009 est l’aboutissement d’un long changement de paradigme sur la façon de penser la « protection de la vie privée » à raison de l’utilisation de l’informatique et des réseaux de l’Internet.

Cette idée de maximiser la protection de la vie privée par la cryptographie a été portée par les informaticiens californiens initiateurs de « l’open source ».

C’est par le manifeste des Cypherpunks en 1993 que ceux-ci en sont arrivés au fait que la protection de la vie privée sur l’Internet devait aussi passer par la liberté de pouvoir « créer son argent », donnant ainsi naissance aux Cryptomonnaies dont la plus connue restera pour toujours le Bitcoin.

C’est Satoshi Nakamoto, qui a révélé au monde le concept alors révolutionnaire d’un système de paiement électronique pair-à-pair ainsi résumé par les propos introductifs du « White Paper » pour proposer :

Une version d'un système de paiement purement pair-à-pair permettrait des paiements en ligne directs d'une partie à l'autre sans passer par une institution financière.

Les signatures digitales fournissent une partie de la solution, mais les principaux bénéfices sont perdus si un tiers de confiance est encore nécessaire pour éviter les doubles-paiements.

Nous proposons une solution au problème du double-dépense en utilisant un réseau pair-à-pair.

Le réseau horodate les transactions en les hachant en une chaîne continue de preuves-de-travail, formant un enregistrement de données qui ne peut pas être changé sans avoir à refaire la preuve-de-travail.

La chaîne la plus longue non seulement sert de preuve par témoignage de la séquence des événements, mais prouve qu'elle est issue du plus grand groupe de puissance CPU.

Aussi longtemps que la majorité de la puissance CPU est contrôlée par des nœuds non participant à une attaque du réseau, ils engendreront la plus longue chaîne et surpasseront les attaquants. 

Le réseau en lui-même exige une structure minimale. Les messages sont diffusés au mieux et les nœuds peuvent quitter et rejoindre le réseau à leur gré, en acceptant la plus longue chaîne de preuve-de-travail créée en leur absence.

Second élément de rupture :

La Blockchain Bitcoin a permis le développement d’une infrastructure d’échange et de conservation de données en « pair à pair » sans tiers de confiance (banque), en supprimant les intermédiaires conformément à son projet d’origine énoncé ci-dessus.

 Puis est apparu le second personnage emblématique de l’écosystème « Vitalik Buterin » qui a fondé la seconde Blockchain la plus importante dans cette technologie de rupture « Ethereum ».

Cette Blockchain lancée le 30 Juillet 2015 a consisté à fournir un langage de programmation intégrée, Turing complet, permettant de créer des contrats susceptibles de coder des fonctions de transition d’état par l’intermédiaire des DApp (Decentralized application).

Une DApp est une application logicielle dont le fonctionnement permet de s’exécuter simultanément sur une ou plusieurs Blockchains.

C’est le développement exponentiel des Dapps qui a permis l’avènement de la finance décentralisée (DeFi) par le développement des divers protocoles.

La Blockchain est une technologie décentralisée :

C’est une variante de la base de données classique en ce sens qu’elle n’est pas stockée sur un serveur unique.

La base de données est décentralisée car au sens informatique elle est « exécutée » par un réseau distribué d’ordinateurs appelés « pairs » ou « « nœuds », qui se trouvent partout dans le monde.

Chaque nœud constitue une base de données qui va enregistrer la copie de toutes les transactions et opérations diverses.

Et chacun des nœuds enregistre la même transaction ou qu’il soit dans le monde.

Cet enregistrement exact par tous les nœuds en même temps est possible par une coordination entre ceux-ci grâce à un protocole informatique qui fixe la manière dont les participants au réseau (les nœuds homologués), doivent enregistrer l’information, valider les transactions et exécuter le code informatique.

Tous les nœuds de la Blockchain contiennent la duplication de toutes les « données » enregistrées par tous ceux qui participent à la Blockchain.

Cette organisation constitue ce que l’on appelle la « résilience » de la Blockchain puisque si les nœuds sont détruits, il suffit d’un seul bloc non atteint pour restaurer l’ensemble du tout.

L’historique et le contenu des données existantes est récupéré pour reprendre les nouvelles créations de blocs.

La sécurité de la chaîne des blocs est assurée par un mécanisme de consensus ou des règles strictes fixent les conditions de l’enregistrement des transactions avec les modalités financières de la rémunération des validateurs des transactions. (Les mineurs)

La novation essentielle portée par cette organisation technologique est issue de la décentralisation des nœuds c’est-à-dire que la confiance entre les participants au réseau n’est gérée que par le Code et la cryptographie asymétrique.

Les personnes qui effectuent des transactions sur la Blockchain peuvent le faire sous pseudonyme sans avoir à révéler leur véritable identité.

La Blockchain est une technologie qui ouvre l’ère de la désintermédiation.

Depuis l’ouverture de Bitcoin en 2009 l’écosystème s’est particulièrement développé pour permettre d’enregistrer des données et faciliter des transactions entre des personnes qui ne se connaissent pas en dehors de toute vérification préalable par une autorité de contrôle.

La technologie Blockchain a créé un système de transfert de valeur en mode décentralisée et pseudonyme à l’échelle du monde entier.

En utilisant une Blockchain n’importe qui peut échanger des cryptomonnaie comme le Bitcoin, ou d’autres cryptomonnaie, mais aussi d’autres actifs de valeur sans avoir à passer d’abord par une organisation centralisée, par exemple les chambres de compensation des banques et sans avoir à décliner son identité.

Pour autant la régulation de la technologie tend à remettre en cause le principe de la liberté de la pseudonymisation pour les émetteurs de transactions notamment par la réglementation européenne en cours (Règlement MICa et Transfert de fonds), mais nous reviendrons sur ce sujet plus précisément puisqu’il s’agit ici de donner une définition générale de la Blockchain.

Brève conclusion :

Cette technologie a très vite trouvé sa place et son utilisation dans l’écosystème des services financiers en permettant l’émergence des protocoles de Finance Décentralisée (DeFi).

Mais au-delà des paiements de pair à pair et du développement des produits financiers, la technologie Blockchain permet aussi le développement de nouveaux systèmes qui structurent des interactions sociales et économiques les plus diverses en ne faisant plus appel ou de moins en moins à des intermédiaires.

Ce sont désormais les contrats intelligents (Smart contract) qui sont utilisées pour formaliser les conventions juridiques qui tiennent lieu d’accords commerciaux.

C’est la Blockchain qui désormais, par un registre décentralisé tient la comptabilité de toutes les informations se rapportant aux différentes transactions.

En cela la technologie Blockchain dans l’histoire de l’humanité constitue sans doute l’une des révolutions les plus importantes au même titre que la découverte de l’imprimerie.

C’est une nouvelle manière d’interagir entre les personnes et les systèmes qui se développe de manière horizontale.

Ce double mouvement d’horizontalité et d’atomisation de la relation est tout à fait unique dans l’histoire économique de l’humanité.

La Blockchain ouvre l’ère de la capacité à fournir la fluidité, la confiance et la protection dans les transactions grâce un réseau d’ordinateurs connectés.

Le coût de la confiance ne repose plus sur une autorité externe au réseau qui intervient de manière verticale.

Il repose sur une organisation de type Bottom -Up avec la collaboration de tous les participants à l’entretien et au maintien du « protocole » qui structure un nouveau modèle de confiance dans les échanges, et la création de la monnaie.

Nous vous expliquerons dans d’autres articles comment la décentralisation révolutionne aussi l’échange de la valeur en pair à pair par la tokenisation des actifs

Le développement de la Blockchain conduit à une nouvelle économie organisée par un nouveau Droit qualifié par les écrivains Aaron Wright & Primavera De Filippi comme la Lex Cryptographia.

C’est pourquoi la technologie Blockchain est indissociable de ce qu’on l’on qualifie de Web3, qui n’est rien d’autre qu’une nouvelle organisation d’un Web décentralisé organisé et régulé par la Lex Cryptographia.

L’utilisation de la technologie Blockchain ne nécessite donc pas que des connaissances liées au développement des protocoles, les emplois les plus recherchées par l’écosystème sont aussi tous ceux qui relèvent de la compliance et du juridique.

Le cabinet peut vous accompagner dans l’ingénierie contractuelle et la réflexion prospective liée à vos projets Blockchain, Web3, et Finance Décentralisée pour écrire avec vous la Lex Cryptographia de vos innovations.

Article publié le 13 Mai 2022

Véronique RONDEAU-ABOULY

Avocat Blockchain et DPO externe.

La rédaction de cet article a été conçue et organisée pour vous soumettre des informations utiles, des axes de réflexion pour une utilisation personnelle ou à visée professionnelle.

Il est mis à jour régulièrement, mais dans un contexte réglementaire et jurisprudentiel évoluant, nous soulignons que nous ne pouvons être responsables de toute péremption du contenu, ou de toute erreur juridique et/ou inexactitude qui pourrait se révéler en fonction de l’évolution,  le lecteur voudra bien considérer qu’en tout état de cause, pour une application personnalisée, chaque cas est unique et que bien sûr, le cabinet reste à votre disposition si vous avez une question précise à poser en lien avec cet article, nous nous ferons un plaisir de collaborer avec vous, n’hésitez pas à prendre contact ou à nous téléphoner.

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